Le crochet, cet art de créer des formes en mailles à l’aide d’un simple crochet et d’un fil, n’a jamais été aussi tendance qu’en 2025. Sur TikTok, des millions de vues s’accumulent sous les hashtags #crochetaddict ou #crochettok, et les créateurs et créatrices du monde entier partagent leurs pièces uniques, colorées, et souvent engagées. Mais d’où vient réellement le crochet ? Spoiler : ce n’est pas juste une affaire de grands-mères !
Remontons le fil du temps.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le crochet ne date pas de l’Égypte antique. Beaucoup de rumeurs circulent sur des « crochets » retrouvés dans des tombeaux égyptiens, mais il s’agirait en fait d’outils de couture ou de broderie.
Les premières traces tangibles d’une technique proche du crochet datent plutôt du XVIe siècle en Europe, avec une technique appelée « tambour embroidery » (broderie au tambour), où le fil est tiré à travers le tissu avec un petit crochet. Mais là encore, on est plus proche de la broderie que du crochet libre tel qu’on le connaît aujourd’hui.

🧶 L’émergence du vrai crochet
C’est au XIXe siecle, dans les pays d’Europe de l’Ouest, que le crochet commence a prendre sa forme actuelle. Il devient particulierement populaire en Irlande, notamment durant la Grande Famine (1845-1851).
Les familles pauvres se mettent a creer des napperons et dentelles au crochet qu’elles vendent a travers l’Europe pour survivre. C’est ce qu’on appelle encore aujourd’hui la « dentelle irlandaise ».
Pendant l’epoque victorienne, le crochet devient une activite feminine tres repandue dans les classes bourgeoises. On realise des gants, des couvre-theieres, des rideaux, et des vetements pour enfants. C’est aussi à cette epoque que paraissent les premiers patrons de crochet imprimes dans les magazines feminins.

💥 Les années 70 : explosion hippie du crochet
Dans les années 1970, le crochet connaît un renouveau spectaculaire, mais cette fois dans un esprit libre, coloré et contestataire. Exit les napperons, bonjour les crop-tops psychédéliques, les ponchos arc-en-ciel, les robes filets et les sacs à franges. On crochète en coton ou en laine brute, dans un esprit DIY et revendicatif.
Les communautés hippies adoptent cette technique comme un symbole de retour à l’artisanat, au fait-main, et à la liberté de créer en dehors des normes industrielles.

⏳ Le creux de la vague… puis la résurrection
Dans les années 1990 et 2000, le crochet perd un peu de son aura. Il est vu comme désuet, ringard, associé à l’image de la grand-mère un peu kitsch. Mais il ne disparaît jamais vraiment. Certaines stylistes comme Vivienne Westwood ou Missoni continuent à l’intégrer ponctuellement dans leurs collections.
Mais c’est grâce aux réseaux sociaux, à partir des années 2010, que le crochet renaît de ses cendres. Instagram, Pinterest, puis TikTok deviennent les vitrines idéales pour montrer ses créations. Et surprise : une nouvelle génération se passionne pour cette pratique.
Le crochet 2.0
Sur TikTok, le crochet devient une vraie scène créative. Les vidéos tuto explosent. Les tops faits en granny squares, les robes transparentes, les bonnets à fleurs ou encore les sacs champignons envahissent les feeds.
Mais ce n’est pas qu’une question de style. Le crochet devient aussi un acte militant :
- On défend le slow fashion.
- On valorise le travail manuel et la patience.
- On soutient des micro-entreprises locales ou artisanales.
- Et on revendique le droit de créer sans norme de genre ou de performance.
Des créateurs comme @yourgranny, @peachycrochets ou encore @VanyCrochet6 redéfinissent les contours du crochet moderne.
En conclusion : Un art ancestral en perpetuelle réinvention
Le crochet n’a pas fini de nous surprendre. De technique utilitaire à forme d’art, de loisir féminin à moyen d’expression engagé, il a traversé les siècles, les crises, les modes, pour revenir aujourd’hui comme un symbole puissant : celui de la main, du temps et de la créativité libre.
Alors que vous soyez du genre à crocheter devant Netflix ou à suivre les dernières tendances TikTok, n’oubliez pas : derrière chaque maille, il y a une histoire. Et la vôtre ne fait que commencer.

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